L’objectif est de survoler, moyennant une bibliographie et la mise en ligne de quelques documents inédits, le cheminement d’une recherche en sciences sociales menée du milieu des années 60 à la fin des années 80, en Afrique et dans le Pacifique, dans le cadre de l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM) devenu l’Institut du Développement Économique et Social (IRD).
Les disciplines concernées par ces recherches ont été aussi variées que les aires géographiques touchées : histoire du peuplement, de la colonisation et de la décolonisation, analyse des diverses formes de l’organisation socio-politique traditionnelle et de son évolution, étude des systèmes précoloniaux de production et des programmes de développement, sociologie des institutions éducationnelles, des Églises et des idéologies religieuses, etc. Commandée par les exigences d’une appréhension globale des phénomènes étudiés et par la carence des connaissances disponibles, cette pluralité des approches a souvent bénéficié d’une fructueuse collaboration interdisciplinaire – avec des ethnologues, des géographes, des économistes, des historiens, et des démographes entre autres.
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Si la production scientifique vaut d’abord par la pertinence de son contenu, son impact social est également à prendre en considération pour la juger. À cet égard, illustrant la confrontation du chercheur avec le milieu où il opère, l’itinéraire d’une recherche peut constituer un témoignage d’autant plus instructif qu’il concerne des travaux à fortes implications pratiques, comportant des risques pour ceux qui les mènent comme pour ceux qu’ils touchent. Dans le parcours décrit, trois programmes ont été brutalement interrompus par les instances politiques (le troisième ayant donné lieu à des réactions particulièrement violentes sur le terrain) : Les enjeux des stratégies urbaines à Tananarive, Les migrations des Burkinabé vers la Côte d’Ivoire, et Le rapport colonial en Nouvelle-Calédonie. De fait, les pouvoirs ont tendance à instrumentaliser la recherche et à ne supporter que celle qui sert leurs propres visées.
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Pourquoi ce retour sur des travaux déjà anciens ? Ce n'est pas que les analyses présentées ici aient revêtu un intérêt capital et qu’il serait vital de les rappeler : elles n’ont eu qu’une portée modeste, les situations étudiées ont changé depuis lors, et d'autres chercheurs ont pris le relais. Mais, œuvre commune qui s’inscrit dans le temps, la recherche scientifique garde en mémoire les études réalisées dans le passé pour éclairer les investigations nouvelles, et certains chantiers méritent d’être repris. L’histoire ne se répète pas, mais les grands défis de la vie des hommes transcendent les événements.
